Touraine Magnifique

Le Jardin de la France

Chenonceau vu de la Loire

Pour Émile Rouargue qui publie en 1850, "Album pittoresque du jardin de la France", le jardin en question s'étend de l'embouchure du fleuve jusqu'à sa source.

C'est un album intriguant, et j'en ai tiré quelques descriptions qui ne devaient pas faire très plaisir aux services de communication des mairies de l'époque.

Seul Tours semble tirer son épingle du jeu, même si "Marie de Médicis failli être écrasé sous un plancher", tout comme les habitants de Chinon sur qui un autre plancher s'effondra. Chinon qui est aussi, la ville de Rabelais, le Polichinelle de la littérature. Sachez enfin qu'à Blois, "l'existence des habitants est triste et morne comme l'aspect de la ville vieille".

Amboise

Amboise

Cette ville ne laisse rien à désirer sous le rapport de la situation : d'admirable paysage ornent à profusion les deux bords de la Loire ; la cité elle-même couronnée par son antique château produit un effet aussi pittoresque que majestueux ; dans ces détails, la ville quoique mal bâtie est formée de rues tortueuses ne laisse pas que d'intéresser ; n'y eût-il que le château fort ayant servi de prison à l'illustre Abd-El-Kader (1848 à 1852).

L'ensemble de cette construction est un amalgame incorrect, mais imposant et brillamment orné de travaux de l'époque Gothique et de la Renaissance. La chapelle, les deux tours, la rampe si douce qui permet aux carrosses d'arriver jusqu'à la plate-forme ; telles sont les principales beautés de l'édifice le plus remarquable de la ville.

Blois

Blois

À quinze lieues de Tours, sur la rive droite de la Loire, on rencontre une ville importante en apparence, à cause de sa situation, partie sur le plateau, partie échelonnée sur le coteau et le reste s’étendant dans la plaine; c'est le chef-lieu de Loir-et-Cher, Blois, dont les rues sont sans beauté et les maisons sans élégance. Rien à admirer, par conséquent, sous le rapport de l'architecture ; le quai seul, avec sa bordure d'arbre et ses maisons modernes, ressemble à une décoration de théâtre ; il est, du reste, mal bâti est mal pavé ; l'existence des habitants est triste et morne comme l'aspect de la ville vieille.

Au sommet du coteau, sont les ruines de l'antique forteresse ; tous les styles d'architecture s'y trouvaient réunis, sans nuire à l'ensemble ; à l’est, s’étendait ce qu'on nommait autrefois à basse-cour; Elle est formée par deux ailes bâties en pierre et en briques et d'un effet austère qui contribue à faire ressortir les délicatesses des sculptures ornant les croisées et les balcons.

Au milieu de la façade, regardant la place, s'ouvre l'entrée principale du château.

Chinon

Chinon

Chinon est une des villes qui rappellent le mieux la grandeur abrupte du Moyen Âge. Une colline, dominant dans la Vienne, est jonchée de constructions militaires désignées sous le nom de châteaux; en effet, on n'y compte facilement trois époques de fondation, d'après les caractères de l'architecture.

La Chapelle Saint Georges fut probablement bâtie sur les ruines d'une forteresse romaine. Chinon est riche en édifices religieux ; l'hôtel de ville, bâti sur une place affreuse et déshonorée par une halle, mérite cependant d'être cité ; sur lequel se trouve un établissement de bain très gracieux, mais à l'entrée duquel est planté un cyprès. Le théâtre orne peu la ville et sert rarement à distraire les habitants ; le plancher, en s'écroulant pendant une représentation, interrompit la pièce et couvrit les acteurs et les spectateurs de décombres et de poussière.

Parmi les maisons du Moyen Âge, il en est une que l'on visite toujours, c'est celle de Rabelais, le polichinelle de la littérature. La voûte naturelle des Valains attire aussi les étrangers par ses brillantes stalactites ; mais c'est quelques curiosités laisseraient le touriste indifférent, sans la situation de Chinon, trop admirable pour être décrite.

Tours

Tours

Située sous le plus beau ciel de France, traversée par le fleuve magnifique qui arrose tantôt des coteaux fertiles délicieusement accidentés, tantôt des plaines charmantes, cette ville présente un aspect des plus séduisants. Si l'on y entre, un pont magnifique, une rue élégante, riche et animée, de beaux hôtels, des cafés, des magasins superbes, la belle avenue Grammont continue à captiver le regard.

Les principales rues, le pont, les places sont construits avec goût et éclairés au gaz. C'est à la maison de Monsieur Alexandre Gouin, sculpteur, qu'appartient la première visite de l'étranger : c'est un chef-d'œuvre de l'architecture du XVIe siècle ; puis à l'hôtel de la Bourdoisière où Marie de Médicis failli être écrasé sous un plancher et enfin dans la rue des Trois Pucelles à l'habitation de Tristan L'Ermitte, où l'on a sculpté une corde en bas de la façade.

A propos de l"Album pittoresque du jardin de la France, collection des cinquante plus belles vues des bords de la Loire depuis son embouchure jusqu'à sa source"

Cet ouvrage a été écrit et dessinés par Adolphe et Émile Rouargue et publié en 1850. Vous pouvez le retrouver entièrement sur le site de la BNF

Lisez aussi l'opinion très différente de Paul Vitry dans son Tours et les Châteaux de Touraine.

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